14 septembre 2011

Retour du CAB : Le Préfet Stefanini siffle la fin de la partie ?

Ce mardi 13 septembre, le nouveau Préfet Stefanini s'est exprimé sur de nombreux sujets mais été très attendu sur le dossier de l'ex-contournement autoroutier de Bordeaux. 

Aux journalistes présents, il a déclaré que le CAB "a été enterré il y a trois ans de cela par le Grenelle de l'environnement (…). L'État préfère aujourd'hui le ferroviaire et faire des efforts pour mieux exploiter les structures existantes. » Le journal sud-ouest, dans son édition du 14/09 traduit pour sa part cela comme l'affirmation que le contournement appartient au passé. Il n'est pas le seul (voir article précédent). On peut donc comprendre que le dossier est bel et bien enterré, conformément aux précédentes décisions de l'Etat (vous devez à ce sujet relire cet article !)
Il a ensuite renforcé la crédibilité de ce souhait en confirmant l'enveloppe de l'Etat de 18 millions d'Euro pour le démarrage des travaux de la mise à 2x3 voies de la rocade (que certains appellent déjà les 18 millions Juppé, tant le Ministre n°2 du gouvernement aurait pesé de son poids dans ce transfert de fonds). 
Nous pourrions donc être plutôt rassurés.

Cependant, d'après le journal Sud-Ouest, le Préfet aurait cependant ajouté "Je n'ai pas dit que le projet était mort, j'ai dit qu'il était enterré". C'est donc au final un peu moins clair : si les morts sont généralement enterrés, les projets autoroutiers seraient encore en vie sous terre ?
Le Préfet Stefanini a également semblé apprécier l'initiative de V Feltesse visant à créer un grand débat sur la mobilité en Gironde, initiative dont il a souhaité "accompagner les démarches si nécessaire", "grenelle" dont je pense personnellement qu'il ne faut pas forcément rejeter mais donc il faut quand même se méfier. En effet, quoi de mieux qu'une série de réunions prétendument "multipartites" pour en faire ressortir une "majorité", justement celle qui arrange ses organisateurs ... On nous a déjà fait le tour lors du Débat Public de 2003, vaste mascarade destinée à habiller le projet de CAB autour d'un faux consensus. Depuis, il est normal de toujours rester méfiant sur ce genre de propositions...

12 septembre 2011

Rentrée politique de Madrelle : le Président du CG raconte n'importe quoi.

Devant plusieurs journalistes, dont un du  journal Sud-Ouest, Philippe Madrelle a fait sa rentrée politique et a abordé une x-ième fois le dossier du contournement. Revigoré par les déclarations d'Alain Juppé sur le dossier, il est revenu sur son thème favori.
Voici ses propos mis en ligne sur le site du journal le 10 septembre : « L'idée que j'ai lancée, il y a vingt-deux ans, commence à rallier de plus en plus de monde, notamment Vincent Feltesse dont j'approuve l'initiative d'organiser des assises de la mobilité. Il y en a marre des parlottes et j'attends maintenant d'Alain Juppé qu'il fasse valider par le gouvernement sa récente volte-face sur le sujet alors que le schéma national des infrastructures terrestres pour 2030 est en cours de finalisation. Mais on peut aussi penser au contournement ferroviaire. La thrombose totale nous guette, il faut agir. »

A priori, la grande classique : "L'autoroute Madrelle" comme recette miracle à la thrombose. On peut cependant s'attarder sur la déclaration ...

Vous aurez d'abord tous noté que la réaffirmation de la paternité du projet se chiffre en décennies, ce qui ne met pas le Président du Conseil Général à son avantage ... mais vous aurez également noté si vous suivez ce blog que c'est exactement ce que reproche V. Feltesse à cette "solution" (voir article). Pour mémoire, le Président de la CUB a affirmé à peine une semaine avant qu'il fallait plutôt se repencher sur le problème sans reprendre "une solution vieille de trente ans qui ne parvient pas à s'imposer". (d'où les assises de la mobilité). M. Madrelle est clairement prêt à raconter n'importe quoi pourvu que ça puisse aller dans son sens ! En effet, les déclarations de V Feltesse sont à l'évidence aux antipodes d'un ralliement au projet tel qu'imaginé par son père créateur ! Entre "une idée qui commence à rallier [...] V Feltesse", et "une solution veille de trente ans qui ne parvient pas à s'imposer", le Président du Conseil Général ne s'encombre pas avec la nuance !

Encore plus fort : M Madrelle en aurait "marre" des "parlottes" faisant clairement allusion aux propos d'Alain Juppé. Ce dernier a en effet demandé début septembre à ce que le dossier soit "remis à plat" ... tout en ajoutant "qu'il ne fallait pas ressortir le projet initial". En plus d'assimiler discussions, débats et remise à plat avec des "parlottes", M Madrelle raconte ici encore n'importe quoi : A l'évidence, les propos d'Alain Juppé ne manifestent absolument pas un quelconque ralliement au "projet Madrelle" ! Certes il a déclaré mi-juillet souhaiter "rouvrir le dossier", mais cela ne veut pas pour autant dire qu'il veut que le schéma national des infrastructures et des transports en cours d'élaboration incorpore la mention "autoroute madrelle" comme sous-entendu. Là encore, la relecture des propos frisent la malhonnêteté intellectuelle.

Enfin, concernant le "mais on peut aussi penser au contournement ferroviaire", on notera l'allusion, la citation pour la forme, sans soutien ni conviction aucune, ajoutée à la fin histoire d'en parler. Une clôture téléphonée d'un plan de com' relooké 22 années plus tard :
"... et n'oublie surtout pas de citer le ferroviaire, Philippe !"; 
"T'inquiète !"; 
Quelle tristesse. Mais on peut aussi commencer à ne plus tenir compte des propos de M Madrelle ...

06 septembre 2011

Vers un réel retour du projet de contournement ?

Le 5 septembre, dans le cadre d'une conférence de presse sur l'avenir de la ville de Bordeaux, Alain Juppé , entre autres sujets, est revenu sur ses déclarations de début juillet concernant le CAB (voir article précédent).
Évoquant les problèmes des transports, le Maire de Bordeaux a regretté le retard pris par la mise à deux fois trois voies de la rocade mais s'est félicité d'avoir rouvert le débat sur le contournement de l'agglomération. Tout en estimant "qu'il ne fallait pas ressortir le projet initial" et "remettre le dossier à plat", il justifie ses propos par  l'incapacité de la SNCF à relancer le fret ferroviaire.

Quelques jours avant, Vincent Feltesse, à mon avis un peu surpris et gêné par la sortie d'Alain Juppé, avait estimé pour sa part nécessaire d'ouvrir un "grenelle des mobilités" en Gironde dans le courant du mois de septembre. Sous la forme de réunions multipartites, cette initiative permettrait à toutes les parties prenantes de "participer à la réflexion" sur les grands projets de transport que seraient un contournement des transports en communs, une mise à 2x3 voies de la rocade et un grand contournement, "sans présumer à l'avance de sa forme, routier ou ferroviaire". Cela pourrait donc sentir la réunionite-marathon destinée à noyer le (gros) poisson ? Mais le Président de la CUB d'ajouter : "Ressortir la solution du grand contournement aujourd'hui incite pourtant à la prudence. Le débat ne doit-il pas se focaliser sur le problème à résoudre plutôt que reprendre une solution vieille de trente ans qui ne parvient pas à s'imposer ? " Des propos beaucoup plus nuancés donc.

Au final, et à mon avis, il est pour l'instant urgent pour les pro-CAB d’attendre et temporiser : Entre la volonté d'une "remise à plat" ou d'un "grenelle des mobilités", ça sent la communication alambiquée sur le thème "éventuellement oui au projet mais avec un autre projet". Cela montre peut-être aussi que la sortie d'Alain Juppé a au final peut-être plus embarrassé les grands élus pro-contournement qu'autre chose (et c'était d'ailleurs peut-être le seul but ?) et ceux-ci ne sont peut-être pas si mécontent que l'Etat ait enterré le projet ? Peut-être ont-ils également enfin intégré son inutilité et l'aberration de sa réalisation, et donc le risque politique qui va avec ? Dans tous les cas, il est clair qu'ils font aujourd'hui preuve d'une très grande frilosité sur le sujet et que rien ne se fera réellement avant la fin du cycle électoral de 2012, présidentielles et législatives.

Cela étant, il y a à mon sens pas mal de raisons d'être relativement serein si nous devions recommencer nos actions, notamment et surtout parce que le projet n'est pas plus défendable aujourd'hui qu'hier tant les arguments pro-contournement sont intenables. De plus, nous avons un nouvel argument de poids avec l'échec patent de l'A65, entre autres sur le plan économique. Que va-t-il se passer quand les collectivités traversées devront mettre la main à la poche comme le prévoit en général tout contrat de concession ? Désormais, tout projet de CAB devra donc faire la preuve de la réalité de sa rentabilité, ce qui paraît hautement improbable. Un grossier habillage sur le mode "autoroutes écologiques" n'y ferait rien, et les pro-contournement le savent.