27 mars 2008

Le calme avant la tempète ?

Comme vous l'avez remarqué, les nouvelles du projet sont peu nombreuses en ce moment. Les élections sont terminées, les équipes se remettent au travail ou découvrent leurs nouvelles fonctions et les déclarations au sujet du projet ne sont plus. Du moins pour le moment.

En fait, d'autre projets font l'actualité et quelques articles sont récemment parus ici ou là au sujet de l'A65 (Langon-Pau) où l'on sent la pression monter dans ces temps d'après grenelle de l'environnement :
- le Conseil National de Protection de la Nature a réaffirmé au Ministère (désormais MEEDDAT) son oppostion à ce projet très destructeur (notamment au droit de nombreuses espèces protégées, dont certaines communes au CAB),
- les usagers de la future autoroute commencent à déchanter sérieusement au vu des tarifs annoncés par le concessionnaire Aliénor : autour de 15€ pour les VL et 60€ pour les PL pour 150 km et un gain de temps de 45 minutes. Pour mémoire, le CAB est annoncé (pour l'instant !) dans les mêmes tarifs pour 100 km pour un gain théorique de 20 à 25 minutes ... Je dis pour l'instant car le tarif de l'A65 est à mettre en relation avec son coût de 1 milliards d'euro : vous l'avez remarqué, le CAB part sur environ le double, et finira évidemment bien au-delà !
On retiendra au final cette phrase d'un professionnel des transports : « Je dis aux conducteurs de n'utiliser l'autoroute que si on leur interdit d'emprunter les routes départementales. 60 euros de péage pour descendre à Pau, cela sera bien trop cher. Déjà qu'on paye en moyenne 40 euros pour aller à Toulouse ! » ...
Pour se documenter sur l'A65, le site de l'ARLP.

Un publication de la très pro-contournement CRCI nous a d'ailleurs récemment rappelé un sondage disant que près de 80% des professionnels considèrent que les infrastructures payantes sont un problème "très important" ou "important" au niveau de leurs coûts et ce pour toutes les autoroutes existantes sur la Région ! Et la CRCI de conclure que le CAB est plébiscité par les professionnels. En gros, oui au contournement, mais pas d'accord pour payer ! Le contribuable appréciera la nuance !

Enfin, je dois relater des bruits persistants en provenance du Conseil Général sur un retour du dossier par son Président Philippe Madrelle (vous vous rappelez, celui qui n'était "pas chagrin" de la mise en retrait du projet au profit du rail ...) et qui serait en train de concocter une nouvelle "concertation" sur le sujet ... On l'attend de pied ferme !

05 mars 2008

CAB : Pour Alain Juppé , "il faut changer de vision"

Interrogé par une internaute le 05 mars lors d'un échange organisé par le journal Metro, Alain Juppé réaffirme son opposition au projet de contournement autoroutier. Voici ses dires exacts.

Carine : Vous avez déclaré à « Sud Ouest » que vous préféreriez un grand contournement ferroviaire de la ville à un grand contournement autoroutier ... Cela veut t'il effectivement dire que le projet d'autoroute à péage au dessus de Bordeaux n'est plus d'actualité ?
Alain Juppé : Je pense effectivement que ce projet n'est plus d'actualité. Il faut, en effet, changer de vision. On ne peut plus se résigner à la croissance continue du nombre de camions sur nos routes. Les exigences du développement durable nous l'interdisent. Il faut donc tout faire pour transférer une partie de plus en plus importante du trafic de marchandises sur le rail ou sur la voie maritime. Le grenelle de l'environnement a annoncé la création d'une autoroute ferroviaire nord-sud sur la façade atlantique, d'où l'idée du grand contournement ferroviaire de Bordeaux pour éviter que tous les trains de fret ne passent par la gare Saint Jean. C'est un projet coûteux et difficile, mais c'est cela, selon moi, qu'il faut mettre à l'ordre du jour.


(voir l'intégralité de la session)

Il nous tarde cependant tous d'entendre de tels propos dans la bouche d'Alain Rousset ! Mais avez-vous lu l'article précédent sur ce dernier ? ...)

Le Président de la CRCI en remet une couche.

Jean-Marie Berckmans, Président de la Chambre Régionale de Commerce et d'Industrie (déjà évoqué dans un précédent article), s'exprime sur les infrastructures en Aquitaine - et sur le CAB en particulier - dans le Journal des Echos Judiciaires Girondins du 26/02. Je vous le mets en intrégralité ci-dessous.
Commentaire en fin d'article.

Le président de la Chambre régionale de commerce et d’industrie s’inquiète à propos des grands dossiers d’aménagement du territoire en Aquitaine. Ligne à grande vitesse vers l’Espagne, contournement autoroutier de Bordeaux, A65 et RN21, ces liaisons vitales pour le développement économique de la région ne sont pas encore réalisées. Il y a urgence.
«Pour tous les pays entrant dans l’Union européenne, la difficulté c’est l’infrastructure. » Jean-Marie Berckmans ne compare pas l’Aquitaine à la Roumanie, mais son analyse n’en est pas moins un cri d’alarme. « Si on ne relie pas les principales villes à Bordeaux rapidement, dit-il, les conséquences seront néfastes pour notre économie. » Ce message, le président de la Chambre régionale de commerce et d’industrie (Crci) le répète depuis cinq ans qu’il est à la tête de cet établissement public. Sans avoir l’impression d’être bien entendu, ou écouté. Pourtant, «nous sommes élus par les entreprises -je vous rappelle qu’il y en a 110 000 en Aquitaine- et nous nous exprimons avec du bon sens.
Un entrepreneur qui crée sa société va se soucier de savoir si sa démarche est cohérente avec son territoire, en termes d’accessibilité, de moyens de communication. »
Or, selon une étude menée par la CRCI Aquitaine fin 2007, près d’un chef d’entreprise sur deux estime que les conditions de transport se sont dégradées. « Le patron a une vision particulière du problème : il a des contraintes, des besoins. Par exemple aujourd’hui, quand vous avez une activité professionnelle, vous mettez une heure pour traverser Bordeaux. C’est insupportable. Il y a une véritable inquiétude des entreprises. »

De nouvelles voies pour le fret
Le problème concerne en fait toute la région. « Si l’on trace un trait de Séville à Amsterdam, poursuit Jean-Marie Berckmans, il passe par le Pays Basque, par Bordeaux, Paris… Donc les deux tiers Ouest de la péninsule ibérique passent par l’Ouest des Pyrénées. C’est normal, c’est le plus court. Mais cela signifie un afflux énorme de camions. Or demain, la circulation ira jusqu’en Afrique. »
Les projections de la Chambre laissent songeur : le chiffre de 8 000 poids lourds par jour sur l’A63 actuellement pourrait monter à 15 000 en 2025.
Face à ces inquiétudes, un projet comme la ligne ferroviaire à grande vitesse de Paris au centre de l’Espagne permettrait de dégager la voie ferrée traditionnelle pour le fret.
Mais il ne faut pas se faire d’illusion quant à l’efficacité du report modal , ferroviaire, maritime ou fluvial. Il n’empêchera pas la croissance du trafic sur route.

Un contournement inévitable ?
« Il faut élargir l’axe Nord-Sud à deux fois trois voies. Mais cela ne sert à rien si on reste coincé sur la rocade bordelaise. » D’où la nécessité, pour le président de la CRCI, d’un contournement de Bordeaux de type autoroutier. En cas de non-réalisation de ce chantier, le trafic moyen journalier sur la rocade passerait de 104 000 à 125 000 véhicules en 2020, engendrant des heures supplémentaires d’embouteillages, sans compter les accidents ou les émissions de CO2 en hausse. A côté de ces liaisons de transit, Jean-Marie Berckmans met aussi l’accent sur les connexions à faire dans l’intérieur des terres. « La RN21 qui va de Limoges à Tarbes en passant par Périgueux, Bergerac, Villeneuve-sur-Lot, Agen, Auch, est loin d’être à deux fois deux voies. » Au rythme des contrats de projet de plan Etat-Région, selon la CRCI, le délai serait d’ailleurs de 90 ans pour y arriver.
Surtout, « Pau n’est pas correctement relié à Bordeaux. Du coup, les Palois et tout le Béarn se tournent vers Toulouse. Ce n’est pas bon pour l’Aquitaine… A moins qu’un jour on ne fasse une grande euro-région de part et d’autre de la frontière. »
Mais avant de rêver, il faut agir et réaliser ces chantiers.
Tous sans exception et le plus rapidement possible, c’est en tout cas l’avis de Jean-Marie Berckmans. Encore faut-il que les financements correspondent aux enjeux. Pour la Chambre, les collectivités territoriales doivent prendre leurs responsabilités, et l’Etat également, surtout après le Grenelle de l’environnement.
Dans cette perspective, le président de la CRCI Aquitaine regrette les tergiversations, notamment à propos du contournement de Bordeaux.
« Les politiques n’ont pas le courage qu’on souhaite, constate-t-il avant de mesurer sa critique. On est en pleine période d’élections, et on ne veut pas mettre le bazar. Mais on espère la sagesse. » Vincent TRIDON pour les
Echos Judiciaires Girondins


Remarques et analyse.
Au final, le ton est moins hystérique que Courbu (ça nous repose), mais sur le fond le discours est constant. A quelques remarques près:
1- il parle de contournement sans évoquer un choix de passsage à l'ouest ou à l'est.
2- les chiffres varient selon les sources : pour 2005-2006 la CRCI chiffre à 8000PL/j, la préfecture 12500 et lke CERTA entre 4200 et 17000 à l'est de la rocade selon les sorties (contre 4700 à 4900 à l'ouest...). Imaginez alors la fiabilité des projections !
3- la question cruciale du financement est enfin abordée, ce qui est assez rare ... et on sent que cela pose problème (sans blague !)
4- la précision de concession n'est pas donnée : PL et VL devront payer pour emprunter ce CAB (autour de 50-60€ pour les PL et 10-15€ pour les VL sauf participation des contribuables). Les entrepreneurs dont se réclamme l'élu de la CRCI sont-ils réellement d'accord avec lui ? On peut en douter !
5- le grenelle n'est abordé que sous l'angle des bouchons et non des flux de transit PL, ce qui dénote une vision peu globale du problème du transport routier.
6- enfin, vous remarquerez que l'association develop'so (cf article) marque des points et la RN21 entre dans les préoccupations des CCI.

A suivre !