06 septembre 2011

Vers un réel retour du projet de contournement ?

Le 5 septembre, dans le cadre d'une conférence de presse sur l'avenir de la ville de Bordeaux, Alain Juppé , entre autres sujets, est revenu sur ses déclarations de début juillet concernant le CAB (voir article précédent).
Évoquant les problèmes des transports, le Maire de Bordeaux a regretté le retard pris par la mise à deux fois trois voies de la rocade mais s'est félicité d'avoir rouvert le débat sur le contournement de l'agglomération. Tout en estimant "qu'il ne fallait pas ressortir le projet initial" et "remettre le dossier à plat", il justifie ses propos par  l'incapacité de la SNCF à relancer le fret ferroviaire.

Quelques jours avant, Vincent Feltesse, à mon avis un peu surpris et gêné par la sortie d'Alain Juppé, avait estimé pour sa part nécessaire d'ouvrir un "grenelle des mobilités" en Gironde dans le courant du mois de septembre. Sous la forme de réunions multipartites, cette initiative permettrait à toutes les parties prenantes de "participer à la réflexion" sur les grands projets de transport que seraient un contournement des transports en communs, une mise à 2x3 voies de la rocade et un grand contournement, "sans présumer à l'avance de sa forme, routier ou ferroviaire". Cela pourrait donc sentir la réunionite-marathon destinée à noyer le (gros) poisson ? Mais le Président de la CUB d'ajouter : "Ressortir la solution du grand contournement aujourd'hui incite pourtant à la prudence. Le débat ne doit-il pas se focaliser sur le problème à résoudre plutôt que reprendre une solution vieille de trente ans qui ne parvient pas à s'imposer ? " Des propos beaucoup plus nuancés donc.

Au final, et à mon avis, il est pour l'instant urgent pour les pro-CAB d’attendre et temporiser : Entre la volonté d'une "remise à plat" ou d'un "grenelle des mobilités", ça sent la communication alambiquée sur le thème "éventuellement oui au projet mais avec un autre projet". Cela montre peut-être aussi que la sortie d'Alain Juppé a au final peut-être plus embarrassé les grands élus pro-contournement qu'autre chose (et c'était d'ailleurs peut-être le seul but ?) et ceux-ci ne sont peut-être pas si mécontent que l'Etat ait enterré le projet ? Peut-être ont-ils également enfin intégré son inutilité et l'aberration de sa réalisation, et donc le risque politique qui va avec ? Dans tous les cas, il est clair qu'ils font aujourd'hui preuve d'une très grande frilosité sur le sujet et que rien ne se fera réellement avant la fin du cycle électoral de 2012, présidentielles et législatives.

Cela étant, il y a à mon sens pas mal de raisons d'être relativement serein si nous devions recommencer nos actions, notamment et surtout parce que le projet n'est pas plus défendable aujourd'hui qu'hier tant les arguments pro-contournement sont intenables. De plus, nous avons un nouvel argument de poids avec l'échec patent de l'A65, entre autres sur le plan économique. Que va-t-il se passer quand les collectivités traversées devront mettre la main à la poche comme le prévoit en général tout contrat de concession ? Désormais, tout projet de CAB devra donc faire la preuve de la réalité de sa rentabilité, ce qui paraît hautement improbable. Un grossier habillage sur le mode "autoroutes écologiques" n'y ferait rien, et les pro-contournement le savent.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

tout à fait d'accord : juppé a fait de la polituque spectacle et il va avoir du mal à s'en dépatouiller. c'est une erreur politique à long terme même si à court terme ça peut payer

VeNer a dit…

merci pour l'analyse. très vraisemblable