05 mars 2008

Le Président de la CRCI en remet une couche.

Jean-Marie Berckmans, Président de la Chambre Régionale de Commerce et d'Industrie (déjà évoqué dans un précédent article), s'exprime sur les infrastructures en Aquitaine - et sur le CAB en particulier - dans le Journal des Echos Judiciaires Girondins du 26/02. Je vous le mets en intrégralité ci-dessous.
Commentaire en fin d'article.

Le président de la Chambre régionale de commerce et d’industrie s’inquiète à propos des grands dossiers d’aménagement du territoire en Aquitaine. Ligne à grande vitesse vers l’Espagne, contournement autoroutier de Bordeaux, A65 et RN21, ces liaisons vitales pour le développement économique de la région ne sont pas encore réalisées. Il y a urgence.
«Pour tous les pays entrant dans l’Union européenne, la difficulté c’est l’infrastructure. » Jean-Marie Berckmans ne compare pas l’Aquitaine à la Roumanie, mais son analyse n’en est pas moins un cri d’alarme. « Si on ne relie pas les principales villes à Bordeaux rapidement, dit-il, les conséquences seront néfastes pour notre économie. » Ce message, le président de la Chambre régionale de commerce et d’industrie (Crci) le répète depuis cinq ans qu’il est à la tête de cet établissement public. Sans avoir l’impression d’être bien entendu, ou écouté. Pourtant, «nous sommes élus par les entreprises -je vous rappelle qu’il y en a 110 000 en Aquitaine- et nous nous exprimons avec du bon sens.
Un entrepreneur qui crée sa société va se soucier de savoir si sa démarche est cohérente avec son territoire, en termes d’accessibilité, de moyens de communication. »
Or, selon une étude menée par la CRCI Aquitaine fin 2007, près d’un chef d’entreprise sur deux estime que les conditions de transport se sont dégradées. « Le patron a une vision particulière du problème : il a des contraintes, des besoins. Par exemple aujourd’hui, quand vous avez une activité professionnelle, vous mettez une heure pour traverser Bordeaux. C’est insupportable. Il y a une véritable inquiétude des entreprises. »

De nouvelles voies pour le fret
Le problème concerne en fait toute la région. « Si l’on trace un trait de Séville à Amsterdam, poursuit Jean-Marie Berckmans, il passe par le Pays Basque, par Bordeaux, Paris… Donc les deux tiers Ouest de la péninsule ibérique passent par l’Ouest des Pyrénées. C’est normal, c’est le plus court. Mais cela signifie un afflux énorme de camions. Or demain, la circulation ira jusqu’en Afrique. »
Les projections de la Chambre laissent songeur : le chiffre de 8 000 poids lourds par jour sur l’A63 actuellement pourrait monter à 15 000 en 2025.
Face à ces inquiétudes, un projet comme la ligne ferroviaire à grande vitesse de Paris au centre de l’Espagne permettrait de dégager la voie ferrée traditionnelle pour le fret.
Mais il ne faut pas se faire d’illusion quant à l’efficacité du report modal , ferroviaire, maritime ou fluvial. Il n’empêchera pas la croissance du trafic sur route.

Un contournement inévitable ?
« Il faut élargir l’axe Nord-Sud à deux fois trois voies. Mais cela ne sert à rien si on reste coincé sur la rocade bordelaise. » D’où la nécessité, pour le président de la CRCI, d’un contournement de Bordeaux de type autoroutier. En cas de non-réalisation de ce chantier, le trafic moyen journalier sur la rocade passerait de 104 000 à 125 000 véhicules en 2020, engendrant des heures supplémentaires d’embouteillages, sans compter les accidents ou les émissions de CO2 en hausse. A côté de ces liaisons de transit, Jean-Marie Berckmans met aussi l’accent sur les connexions à faire dans l’intérieur des terres. « La RN21 qui va de Limoges à Tarbes en passant par Périgueux, Bergerac, Villeneuve-sur-Lot, Agen, Auch, est loin d’être à deux fois deux voies. » Au rythme des contrats de projet de plan Etat-Région, selon la CRCI, le délai serait d’ailleurs de 90 ans pour y arriver.
Surtout, « Pau n’est pas correctement relié à Bordeaux. Du coup, les Palois et tout le Béarn se tournent vers Toulouse. Ce n’est pas bon pour l’Aquitaine… A moins qu’un jour on ne fasse une grande euro-région de part et d’autre de la frontière. »
Mais avant de rêver, il faut agir et réaliser ces chantiers.
Tous sans exception et le plus rapidement possible, c’est en tout cas l’avis de Jean-Marie Berckmans. Encore faut-il que les financements correspondent aux enjeux. Pour la Chambre, les collectivités territoriales doivent prendre leurs responsabilités, et l’Etat également, surtout après le Grenelle de l’environnement.
Dans cette perspective, le président de la CRCI Aquitaine regrette les tergiversations, notamment à propos du contournement de Bordeaux.
« Les politiques n’ont pas le courage qu’on souhaite, constate-t-il avant de mesurer sa critique. On est en pleine période d’élections, et on ne veut pas mettre le bazar. Mais on espère la sagesse. » Vincent TRIDON pour les
Echos Judiciaires Girondins


Remarques et analyse.
Au final, le ton est moins hystérique que Courbu (ça nous repose), mais sur le fond le discours est constant. A quelques remarques près:
1- il parle de contournement sans évoquer un choix de passsage à l'ouest ou à l'est.
2- les chiffres varient selon les sources : pour 2005-2006 la CRCI chiffre à 8000PL/j, la préfecture 12500 et lke CERTA entre 4200 et 17000 à l'est de la rocade selon les sorties (contre 4700 à 4900 à l'ouest...). Imaginez alors la fiabilité des projections !
3- la question cruciale du financement est enfin abordée, ce qui est assez rare ... et on sent que cela pose problème (sans blague !)
4- la précision de concession n'est pas donnée : PL et VL devront payer pour emprunter ce CAB (autour de 50-60€ pour les PL et 10-15€ pour les VL sauf participation des contribuables). Les entrepreneurs dont se réclamme l'élu de la CRCI sont-ils réellement d'accord avec lui ? On peut en douter !
5- le grenelle n'est abordé que sous l'angle des bouchons et non des flux de transit PL, ce qui dénote une vision peu globale du problème du transport routier.
6- enfin, vous remarquerez que l'association develop'so (cf article) marque des points et la RN21 entre dans les préoccupations des CCI.

A suivre !

4 commentaires:

Anonyme a dit…

monsieur' Berckmans dit notamment:"si on relie pas les principales villes à Bordeaux ,rapidement,les con séquences seront néfastes pour notre économie."
Raison de plus, mon bon monsieur,pour tourner définitivement le dos au CAB, car le but de ce dernier est précisément de construire une énorme déviation pour que,non seulement les camions,mais aussi l e flux des touristes et vacanciers descendant du nord soient "chassés" loin de Bordeaux.
Et quand il parle de "notre économie" que veut-il dire exactement? Celle des mêmes lobbies industriels ou commerciaux qui n'ont qu'un souci :s'en foutre plein les poches,avec comme seule devise :"la fin justifie les moyens"?

Anonyme a dit…

Sur le document "contribution des CCI d'Aquitaine au SRIT", de janvier 2008, on trouve :

Page 73 "On voit se dégager une hiérarchie entre les trois principaux facteurs d'amélioration : en premier la réduction des coûts de transport (81,3% de Très important), puis l'amélioration des délais d'expédition ou de réception des marchandises (49%) !

Page 89 : En ce qui concerne les coûts de transport, ce sont, sans surprise, les infrastructures payantes (les autoroutes) qui sont mises en cause....les problèmes de coûts sur les autoroutes sont considérés comme "Très importants"

Donc, plus de 81% d'entreprises (sur 132 réponses) parlent de réduction des coûts de transport ;
et + de 70% de ces entreprises sondées sont favorables au CAB (77,8% originaires de Gironde) et 88%...du Lot et Garonne !(page 101)

Qui va payer le CAB, le sieur Jean Marie Berckmans ?

Thomas Lugagne a dit…

merci infiniment pour ces sondages très très intéressants et qui méritent la plus grande médiatisation !
un article à suivre ?

Anonyme a dit…

pourquoi pas:)